Atelier Bruno Moret

Atelier Bruno Moret

Comment aborder le modélisme ferroviaire

 

La vogue des modèles réduits de trains remonte à l'origine même des chemins de fer réels, dans la première moitié du XIXème siècle.

De tout temps en effet les hommes ont voulu reproduire en miniature leur environnement ainsi que leurs réalisations les plus marquantes. Le chemin de fer fait évidemment partie de celles-ci, et de quelle manière !

Sa création représente la toute première confrontation, à l'échelle de la planète, de l'homme avec la machine. Nul doute que cela représentait alors une évolution autrement plus radicale de la société que la conquête spatiale ou l'arrivée de la micro informatique dans les foyers, justifiant la bénédiction des Evêques lors des ouvertures de lignes, comme ce 30 juillet 1849, en gare d'Angers, jour de la mise en service de la ligne de Tours à Nantes !

 

 Inauguration du 30.07.1849 en gare d'Angers

Il était donc normal que cet événement suscite immédiatement la création de modèles réduits et la naissance de véritables passions chez de nombreux amateurs.

Toutefois, jusque dans les années 1950 et le développement du moulage plastique permettant la diffusion en grande série de matériel bon marché à l'échelle H0, le train resta un jouet extrêmement onéreux, réservé aux classes supérieures.

Un coffret « Flèche d'Or, Paris – Calais de la marque LR, coûtait 975 F en 1930, alors que le salaire moyen n'était que de 800 F par mois.

 

 Train Flèche d'Or LR 1932


Mais à partir de 1950 et jusqu'à l'arrivée des jeux électroniques actuels, le train devint « le jouet » par excellence des garçons.

 


Le train au pied du sapin de Noël, pour moi, c'est comme cela que tout a commencé !

 

 

Et aujourd'hui, ce sont bien souvent ces enfants de la génération des premiers trains à l'échelle H0, produits entre autre par MARKLIN, JOUEF et HORNBY qui pratiquent avec délectation l'art du modélisme ferroviaire

 

Mais comme pour tout loisir, il y a de multiples façons d'envisager celui-ci en fonction de votre sensibilité et de vos objectifs, de votre budget et du temps disponible à cette activité.

 

La  première démarche sera de répondre aux questions suivantes :

 

- Quelle échelle de réduction pratiquer ?

 

- Quel système d'alimentation utiliser ?

 

- Quel type d'installation réaliser ?

 

 

Les échelles de réduction

A ce stade, il ne faut pas confondre l'échelle de réduction avec l'écartement des voies d'un train miniature.

L'échelle désigne le quotient de réduction appliqué à la miniature par rapport à l'objet réel. Pour le H0 par exemple, le rapport de réduction est de 87, c'est à dire qu'une dimension en H0 sera 87 fois plus petite que la réalité.

 

En outre, il existe une multitude d'écartements différents de rails, en fonction du type de chemin de fer considéré : minier, industriel, militaire, secondaire ou d'intérêt national et ces normes varient selon les pays en fonction souvent d'intérêt stratégiques.

Ainsi les chemins de fer espagnols ont adopté comme écartement normal une voie de 1676 mm alors que la norme européenne est de 1435 mm, sauf en Russie, où l'écartement des rails est de 1510 mm.

Ces différences ne sont pas faites pour faciliter la circulation de trains internationaux, malgré l'invention des essieux à écartement variables !

 


Changement de boggies à la frontière d'Ukraine.

 


Gare de Gièvres sur le Blanc Argent, deux écartements cohabitent ici, la voie normale, au premier plan, et la voie métrique

Attention donc aux confusions possibles entre échelles et écartements des rails ; En effet, un train à voie étroite Decauville reproduit strictement à l'échelle H0, circulera sur une voie de 6,5 mm d'écartement, tout comme un train à voie normale reproduit à l'échelle Z. Mais si l'écartement des rails est le même, la voie reproduite et l'échelle de réduction n'ont rien à voir entre-elles et ne sont donc pas compatibles !

Cependant, le modéliste profite naturellement de la richesse de l'offre commerciale afin de détourner de leur fonction première certaines gammes et de les adapter à ses propres besoins (Voie Z utilisée à l'échelle H0 par exemple).

 

Parmi les principales échelles disponibles citons :

    - Le Z, correspondant au 1/220ème qui est la plus petite échelle de modèles de trains proposée à ce jour. L'écartement des rails pour la voie normale est de 6,5 mm seulement. En fait, son principal intérêt, comme nous venons de le voir, est de constituer une base technique pour la reproduction des trains à voie de 600 mm, type Decauville, à l'échelle H0, ou encore d'évoquer une voie métrique à l'échelle N, en récupérant les châssis moteur et en adaptant le système de voie !

Toutefois, cette micro-échelle permet la réalisation de décors d'envergures, comme la reproduction du site des viaducs de Morez dans le Jura, difficile à traiter à l'échelle H0.

 

 


Le site des viaducs de Morez, dans le Jura

    - Le N, correspondant au 1/160ème de la réalité. Cette échelle est parfaite pour la réalisation de vastes réseaux au décor soigné, d'autant que l'offre commerciale en matériel moteur et remorqué s'est considérablement étoffée ces dernières années.

Toutefois, on trouve encore peu de choses en ce qui concerne les bâtiments et les éléments de décor d'inspiration française de grande série.
Mais la construction intégrale par l'amateur de tels éléments est toujours possible, comme en témoigne le réseau de Vincent Burgun, Ennecourt…

 

 


 Le réseau de Vincent Burgun à l'échelle N illustre à merveille les possibilités de l'échelle N.

 

- Le H0, réduction au 1:87ème, est l'échelle usuelle la plus pratiquée. On trouve dans le commerce tous les types de matériel roulant, depuis l'origine des chemins de fer, jusqu'aux plus récentes locomotives électriques, ainsi qu'un vaste choix en matière de décor.
A cette échelle, les réalisation personnelles de locomotives et de wagons sont possibles pour l'amateur normalement doué, après s'être fait la main en super détaillant du matériel existant, y compris naturellement pour tous les éléments de décor, bâtiments, végétation, et figurines, comme l'illustre Robert Gesuelli, grand spécialiste en ce domaine.

 

 

Dans la cour de la ferme de Tayac, Robert Gesuelli a réalisé de toute pièce, en papier et carton, les figurines et accessoires de cette scène de vendange : bravo l'ami, et merci !


Notons qu'il existe à cette échelle une offre intéressante concernant l'écartement des voies :
- Le H0 (écartement de 16,5 mm) qui correspond avec ses 1435 mm d'écartement des rails, à la norme SNCF et de la majorité des grandes administration européenne ou compagnies ferroviaires, sauf l'Espagne et la Russie.
- le H0m (écartement de 12 mm) qui correspond à la voie métrique. C'est le système de voie utilisé pour des questions de coût par les nombreux Chemins de Fer  Départementaux ayant sillonné la campagne française, mais aussi à l'écartement choisi par de nombreuses compagnies ferroviaires étrangères, notamment certains chemins de fer Suisse, véritable paradis du rail !

 

 La Suisse, paradis du rail : appréciez cette automotrice entrant en gare du Sepey, sur la ligne à voie métrique Aigle-Le Sepay- Diablerets. Une scène, et un décor, qui donnent envie de jouer au train ...


- le H0e (écartement de 9 mm) qui correspond à la voie des chemins de fer de chantier ou industriels ; sans oublier l'écartement de 6,5 mm, correspondant à la voie réelle de 600 mm, comme utilisée par les Chemins de Fer du Calvados, si chers à Marcel Proust.

    - Le 0, réduction au 1:43,5ème, écartement de 32 mm, est l'échelle idéale pour la réalisation des plus beaux dioramas, ou des réseaux les plus spectaculaires. Mais sa pratique n'est pas des plus facile. Rien n'existe pratiquement dans le commerce, et les prix des rares matériels proposés par des firmes artisanales sont hors de portée de bien des bourses.
Reste donc la construction intégrale par l'amateur de la locomotive de ses rêves. Et là, quel plaisir !
Il s'agit à mes yeux de la pratique la plus noble et la plus exigeante de ce loisir technique, mais les résultats sont à la hauteur des efforts consentis, comme en témoigne le réseau de Jean Pierre Bout.

 


Un autorail Picasso stationne en gare de Magnières, sur le réseau à l'échelle 0 de Jean-Pierre Bout. La totalité des éléments présents sur cette scène a été réalisée par l'auteur, bâtiments et engin moteur : du grand art !

 

Enfin, de la même manière qu'en H0, il existe du 0m, sur voie de 22 mm ; du 0e, sur voie de 16,5 mm et même du 014, sur voie de 14 mm, permettant d'aborder cette belle échelle au moindre coût.

    - Le IIm, ou G, est l'échelle des trains de jardins, reproduit au 1:22,5ème, à l'écartement de 45 mm.
Et il existe bien sûr des échelles encore plus grandes, permettant la construction de véritables locomotives à vapeur, comme au Musée Swiss Vapeur Parc.

 


Illustration des possibilités offertes par les trains de jardins à vapeur vive sur le réseau Musée Swiss Vapeur Parc... Le train, c'est fun !

 

Les systèmes d'alimentation électrique

Je ne parlerai pas ici des problèmes spécifiques posés par le câblage du réseau proprement dit, mais intéressons-nous plutôt à la nature du courant qui va alimenter les voies et permettre le fonctionnement des locomotives.

En analogique et à l'échelle H0 uniquement, il existe deux systèmes d'alimentation des voies, parfaitement incompatibles entre-eux, aussi convient-il de bien choisir dès le départ.


Le système deux rails, courant continu
Ce système est le plus utilisé, car le plus proche de la réalité en ce qui concerne l'aspect des voies. C'est ici que le modéliste a le plus de choix de matériel toutes échelles confondues.
La voie est alimentée en  courant continu de 12 à 14 volts. L'inversion du sens de marche est obtenue par l'inversion de la polarité. Néanmoins, ce système présente aussi quelques inconvénients.
La  réalisation du réseau doit être soignée, car la prise du courant par les machines est relativement délicate et certains tracés sont impossibles sans aménagements, comme des boucles de retournement par exemple, qui exigent un câblage spécial et des coupures.

Le trois rails, courant alternatif
Dans ce cas, la prise de courant est assurée par les deux files de rails plus des plots au centre de la voie. L'alimentation se fait en courant alternatif de 16 volts. L'inversion du sens de la marche s'opère grâce à un relais inverseur placé dans la locomotive, et commandé par une surtension de 24 volts.
Ce principe d'alimentation est très fiable et simple à mettre en œuvre.
Deux gros défauts cependant : la voie manque de réalisme et si l'on n'est plus captif comme ce fut longtemps le cas d'une seule marque, Marklin, dont l'offre est relativement limitée en matériel français, il n'en reste pas moins que les matériels 3 rails sont plus onéreux que les modèles similaires proposés en deux rails.

 

Un coupon de voie Marklin. On distingue les picots au centre de la voie

Cependant, pour ces deux systèmes d'alimentation, deux ou plusieurs engins placés sur une même voie obéiront en même temps au même transformateur d'alimentation. Cette caractéristique ne manque pas de poser de nombreux problèmes pour l'exploitation du réseau, lorsque l'on souhaite mettre en mouvement une seule locomotive choisie parmi beaucoup d'autre.

Des solutions existent naturellement, sous la forme d'un découpage du réseau en de multiples cantons alimentés séparément, mais également, depuis quelques années, par le développement des commandes digitales.

 

Les télécommandes digitales

Dans ce cas, la voie est alimentée en permanence. Les engins moteurs et les accessoires sont alors équipés de décodeurs qui permettent de reconnaître les informations spécifiques qui leurs sont adressées.

Il existe aujourd'hui de nombreux systèmes de commandes digitales, des plus simples comme ceux de FLEISCHMANN, MARKLIN ou ROCO, au plus évolué, comme le système ZIMO, s'appuyant sur des standards reconnus : bus CAN pour des échanges de données rapides et fiables entre les équipements fixes et DCC vers le matériel roulant.

 

 


Télécommandes Fleischmann, Roco, Marklin, Zimo…

 

Les différents types d'installations

Vous venez de choisir l'échelle de réduction, vous vous êtes déterminé pour un système d'alimentation précis, il vous reste encore à choisir sous quelle forme vous allez construire la maquette ferroviaire de vos rêves.

La collection
Vous pouvez constituer une collection de locomotives et de matériel roulant d'une compagnie particulière, ou ayant circulé à une époque déterminée.

Les locomotives type Pacific, le matériel de la CIWL, les TEE, mis en service en 1957 ou encore les rames TGV constituent, entre autres, d'excellents thèmes de collection…
Vous aurez alors à rechercher dans la production industrielle et artisanale les modèles correspondant au thème choisi. Il vous faudra sans doute les améliorer ou les construire de toutes pièces après avoir réuni la documentation nécessaire.

 

 Les locomotives type Pacific, le matériel de la CIWL, les TEE, mis en service en 1957 ou encore les rames TGV constituent d'excellents thèmes de collection…

 

 

Le diorama
Le diorama, réalisé sur des surfaces de très faibles dimensions, favorise quant à lui l'environnement et est particulièrement destiné à mettre en valeur le sujet traité. Richesse des détails, décoration et patine soignée sont des caractéristiques essentielles au traitement de cet exercice.
C'est aussi un des meilleurs moyens d'aborder le modélisme en se familiarisant avec les techniques et les produits utilisés pour le décor. Robert Gesuelli et Maurice Knepper, grands spécialistes du diorama historique, ont ainsi réalisé cette reproduction de la gare du Pont de l'Europe, première gare française, destinée au trafic des voyageurs…

 

 


Pour l'amateur souhaitant reproduire une scène historique, comme ici l'intérieur de la première gare parisienne, située sur le pont de l'Europe, sur la ligne de Saint-Germain, le diorama représente le support idéal.  Cette reproduction est l'oeuvre de Robert Gesuelli, pour les figurines et Maurice Knepper pour les bâtiments.


Le module
C'est une portion de réseau avec des dimensions standardisées qui peut être raccordée à d'autres à l'occasion d'une exposition. Grâce à cette technique, il est donc possible de construire un réseau complet en plusieurs étapes successives, tout en arrivant à un niveau de détail proche du diorama.
C'est cette technique qu'a choisi Vincent Burgun pour son réseau Ennecourt, évoquant la ligne 4 paris-Bâle, itinéraire de l'Arlberg-Orient-Express.

 

 


Circulant sur les traces de l'Arlberg-Orient-Express, ce train de nuit composé de voitures-lits s'approche de la gare d'Ennecourt, sur le réseau modulaire de Vincent Burgun.


Le réseau complet
C'est évidemment la forme la plus achevée du modélisme ferroviaire. Il permet à l'amateur de voir ses trains évoluer d'une manière réaliste, avec une richesse d'environnement et une profondeur de champ visuel difficile à obtenir avec des modules.
Mais la construction d'un réseau est souvent une œuvre de longue haleine et sa réalisation demande généralement plusieurs années.
Le niveau de détail est par contre souvent moins élevé que sur un module ou un diorama, mais plus que le détail, c'est l'homogénéité de la réalisation qui compte ici. Dans ce cas, il vaut mieux éviter de trop charger le plan des voies, et de s'en tenir à la reproduction d'une petite gare réelle.

 

 


Un train dans le paysage, ambiance du Périgord, une région qui m'est chère...



14/04/2009
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