Un réseau pour jouer !
Du rêve...
Mais alors, quel serait le meilleur tracé de réseau pour offrir les plus grandes possibilités de jeu ?
Forcément, une vaste installation aux multiples voies recevant un trafic intense !
La première idée qui vient alors à l'esprit d'un amateur est de vouloir s'inspirer des installations d'un triage. Le faisceau de réception, où stationnent les trains en attente de débranchement ; le faisceau de triage proprement dit, avec sa bosse caractéristique ouvrant sur les voies de formation et enfin le faisceau de départ conviennent assurément pour justifier de passionnantes manœuvres et la mise en valeur d'une collection pléthorique de wagons divers et variés.
A cela, on ne manquera pas de rajouter une gare marchandises avec ses vastes halles et quais couverts ainsi qu'une annexe traction pour abriter les machines nécessaires à l'exploitation de l'ensemble et terminer par une double voie de passage permettant depuis les coulisses, le passage de quelques trains voyageurs sans arrêt.
Hélas, de telles installations se développent en réalité sur plusieurs kilomètres et même en réduisant à leur portion congrue chaque chantier, l'ensemble restera hors de portée de beaucoup d'entre nous (place, temps, budget...), sans même parler des difficultés techniques : allez donc exploiter réellement une bosse en HO !
Alors rêvons simplement en survolant les installations du triage de La Bocca superbement évoquées ici à l'échelle H0, mais se développant sur une surface confortable de 18 m x 5 m.
Comment ne pas rêver à de telles installations ? Au premier plan, les voies de réception. A l'arrière, le faisceau de triage qui donne sur la bosse. A milieu, les vastes halles et quais couverts encombrés d'une masse de marchandises variées. Nous somme à La Bocca au temps du PLM.
Qui dit triage, dit butte ! Le wagon de charbon qui vient de se détacher de la rame en pousse est prévu pour monter à Grasse le lendemain matin, livrer son chargement de charbon afin d'approvisionner les chaudières d'une distillerie de parfum.
Ces couverts sont chargés de leur précieuse cargaison... par une armée de manœuvres pour qui un sac de 50 kg ne semble être qu'un simple fétu de paille !
Deux citernes assurent la livraison de carburant à un détaillant venu en prendre possession avec son camion. La pompe munie de son moteur thermique sera mise en route dès que les tuyaux seront convenablement raccordés.
Un troupeau de moutons en transhumance descendant des bétaillères est pris en charge par des bergers qui les dirigent avec un grand savoir faire vers les wagons couverts stationnant le long du quai. Leur hantise, que le troupeau ne s'échappe et aille divaguer sur les voies !
La production régionale de vin assure un trafic important, comme en témoignent ces innombrables barriques qui semblent intéresser ces deux lascars, un « contrôle qualité » sans doute.
… à la réalité diminuée !
Si les rêves ont du bon, ou peut également considérer que le bonheur est dans l'action. Laissons donc les trop vastes triages et leurs impossibles bosses pour chercher un thème adapté à une exploitation marchandises et à ses multiples manœuvres, mais surtout à mes possibilités !
Et pour cela, je me suis inspiré très librement d'un site réel, la gare de Barentin et son embranchement vers Pavilly – Caudebec.
Très librement, car je vous propose diverses idées de réseaux dont le plus modeste se limite à une surface de 2,40 x 1,20 m, suffisante pour pouvoir s'amuser, mais sur laquelle l'idée de transposer un site se développant sur quelques kilomètres en réalité conduit nécessairement à quelques petites simplifications ! Qu'importe alors s'il est à la mode aujourd'hui de parler de « réalité augmentée », je préfère faire Moins Mais Mieux, selon le concept original d'une réalité « diminuée » !
S'embranchant à Barentin, station implantée non loin de Rouen sur la radiale de Paris au Havre, célèbre pour son imposant viaduc, la ligne vers Pavilly - Caudebec desservait les localités industrielles de la rive droite de la Seine, dont de multiples filatures, une centrale thermique, un chantier naval ainsi qu'un dépôt de la compagnie Standard Française des Pétroles (Esso) générant un important et varié trafic de marchandises.
Le modeste village de Pavilly possédait deux gares, l'une sur la ligne du Havre, de style Anglais. Cette « gare » n'était en fait qu'un simple arrêt, ne disposant d'aucune aiguille.
La deuxième, dite Pavilly-Ville, était implantée en impasse sur l'antenne de Barentin à Caudebec, obligeant à de nombreuses manœuvres. Chic, c'est justement ce que je veux !
Si le village était modeste, il était au cœur d'une importante vallée industrielle aux innombrables filatures de coton générant un très important trafic : coton brut, charbon, machines, produits finis...
Cette vue aérienne illustre parfaitement l'ampleur des installations, avec au premier plan le spectaculaire viaduc en courbe de 500 mètres, sous lequel passe l'antenne vers Caudebec après son rebroussement en gare de Pavilly-Ville.
On distingue difficilement en direction du Havre la modeste annexe traction de Barentin-Embranchement ainsi que les voies du faisceau marchandises.
Cet intéressant cliché de la sortie de la gare de Barentin en direction du Havre, pris au temps du réseau de l'Etat, nous permet de deviner sur la gauche les installations du dépôt, avec notamment la remise et le réfectoire – magasin, ainsi que la voie descendante vers Pavilly-Ville puis enfin la voie vers Caudebec qui s'inscrit au bas du coteau.
La transposition du site se heurte à la difficulté que représente la voie vers Caudebec devant passer sous le viaduc, haut d'une trentaine de mètres à ce niveau (35 centimètres en H0).
Il faut donc théoriquement prévoir un développé important pour lui permettre de racheter cette hauteur :
17,5 mètres avec une rampe de 2 % ;
11,5 mètres avec une rampe de 3 % ;
et encore 8,75 mètres avec une rampe de 4 %...
Certes, il faut considérer que la voie de rebroussement de Pavilly fait un Z depuis son départ, ce qui permet de diviser par deux ces distances. Par ailleurs, il est toujours possible de limiter la hauteur du viaduc à 20 ou 25 centimètres.
Le premier réseau construit autour de la voie Peco N, que je vous propose permet de bénéficier de tous les avantages de cette échelle en reproduisant très fidèlement, avec des courbes de grand rayon pour les voies apparentes, le site des gares de Barentin et de Pavilly-Ville sur une surface somme toute raisonnable de 7,50 x 1,50 m.
Sur la grande ligne du Havre, on pourra implanter le viaduc, sur la gauche du réseau, avant la gare de Barentin-Embranchement et même, sur la droite le BV de Pavilly-Station.
Deux rampes hélicoïdales permettront aux trains de gagner les garages implantés en coulisse.
La gare de rebroussement de Pavilly-Ville sera traitée au premier plan du réseau sur la gauche et la voie vers Caudebec pourra descendre au fond de la vallée et passer sous le viaduc avant de gagner sa coulisse à l'arrière du réseau.
Même surface de base, 7,50 x 1,50 m, même tracé général que le précédant projet, mais cette fois à l'échelle H0 et en mettant en œuvre la voie Marklin en coupons. Le résultat est naturellement beaucoup plus marqué « jouet » avec notamment l'abandon des courbes à grand rayons et des raccordements paraboliques...
Mais plutôt que jouet, je préfére mettre l'accent sur les possibilités de jeu et d'exploitation conservée par rapport au projet en N.
Mais il faudra remplacer le viaduc par un simple passage inférieur, et faire l'impasse sur la gare de Pavilly-Station.
Ce réseau, réalisé avec la voie Tillig HO, est du type tour de pièce, s'inscrivant sur une surface de 4 x 3 m, soit une chambre moyenne d'un appartement contemporain. L'avantage est la disposition de l'opérateur au centre de l'installation, ce qui ne permet pas de voir l'ensemble sans avoir à se retourner et de s'immerger ainsi successivement dans une gare ou l'autre.
Pour le reste, les mêmes éléments sont présents : la gare de Barentin-Embranchement et son annexe traction, la voie descendante vers Pavilly-Ville et le rebroussement vers Caudebec. Ici encore, pas la place pour l'imposant viaduc ni pour Pavilly-Station, mais une installation permettant un trafic important, avec la circulation de rames sur la double voie principale et de multiples possibilités de jeu offertes par l'exploitation de la gare en impasse de Pavilly-Ville.
Pour ce réseau, je me suis largement inspiré de l'ancien recueil de plans publié par Jouef en 1962, et plus particulièrement du plan n° 18 !
Ce qui se traduit dans ce cas par un réseau de 4,20 x 1,30 m en voie Peco H0. On retrouve la gare de Pavilly-Ville, mais dans une configuration de simple terminus, adieu donc aux savants rebroussements vers Caudebec ! Quant à la gare de Barentin-Embranchement, si elle conserve son annexe traction, elle perds sa double voie de passage vers Le Havre, ainsi que son viaduc...
Cependant, le réseau proposé conserve l'essentiel : de séduisantes possibilités de jeu et l'exploitation d'une belle collection de matériel.
Les deux gares seront naturellement avantageusement séparées par un diviseur scénique.
Ma dernière proposition se limite à une surface de 2,40 x 1,20 m !
Pourquoi ces dimensions ? Parce qu'elles correspondent à des multiples de surface de matériaux disponibles en grandes surfaces de bricolage, telles les plaques de polystyrène extrudé de 1,20 x 0,60 m qui peuvent servir de base pour une construction rapide et facile pour un premier réseau.
Et puis, ce mini réseau est-il réellement sans intérêt ?
Ne possède-t-il pas une petite gare terminus, simplification de la gare de Pavilly-Ville ainsi qu'une belle évocation de l'annexe traction de Barentin-Embranchement. Ces deux sites, séparés par un diviseur sont parfaitement de nature à justifier la présence de 2 ou 3 joueurs : un chef de dépôt, un mécanicien et un chef de gare... De belles heures de loisir en perspective.
Vous n’êtes pas convaincu ? J’essayerai de vous convaincre en construisant effectivement ce réseau en voie Piko A code 100 !